Après la guerre de 1870, Charles Lucas s'engage dans une nouvelle réforme en participant à la réflexion internationale sur la guerre et en contribuant à la mise en place des premiers groupes d'étude et d'action en vue de développer l'arbitrage international en cas de conflit.
Son mémoire présenté à l'Institut le 5 octobre 1872 est le point de départ des travaux scientifiques qu'il a consacrés à la civilisation de la guerre. Cependant, si Lucas n'exclut pas le recours à la guerre en cas de légitime défense pour préserver l'indépendance nationale ou l'intégrité territoriale, il estime nécessaire de « l'humaniser », c'est-à-dire de limiter les calamités et les rigueurs envers les populations, par des règles internationales. Dès 1872, il propose l'organisation d'un congrès scientifique international pour la « civilisation de la guerre et la codification du droit des gens ».
L’année suivante, un institut de droit international, composé d'éminents juristes européens et américains est créé à Gand en Belgique. Charles Lucas en est membre dès sa fondation. Directement inspiré de ses idées, paraîtra en 1880, le « Manuel des lois de la guerre sur terre » qui jettera les bases d'un droit international de la guerre. Celui-ci est un ensemble de règles qui visent à limiter la violence et protéger les droits fondamentaux de la personne humaine en cas de guerre.
Cette dénomination est, depuis la Seconde Guerre mondiale, et surtout depuis la Convention de Genève de 1949, souvent remplacée par celle de Droit international humanitaire (DIH) avec l’action de l'Organisation des Nations Unies (ONU) qui veille à ce que les droits de l’homme soient respectés en cas de conflit armé. Cet ordre juridique mis en place au XXe siècle montre que Charles Lucas était vraiment un humaniste avant-gardiste.
Illustration Bernard Capo